Après trois longues heures de marche, deux cailloux dans ma botte et une égratignure, le tintement des chopes au loin me fait soupirer de soulagement. L'idée de pouvoir me rincer le gosier est pour moi presque aussi réconfortant que de savoir cette bougresse de louve gésir quelque part dans la nature.
M’apprêtant à entrer dans cette taverne inconnue, je distingue une planche en bois placardée à la porte sur laquelle y est inscrit en lettres grossières "Au Hareng qui fume"
- "Hum... Pourquoi pas !" Me dis-je à haute voix, m'engageant d'un pas assuré dans le hall d'entrée.
- "Chaleur, ivresse et débauche, voilà ce que cet endroit m’inspire." D'un mouvement de tête, j'aperçois une vieille femme de noble apparence bousculer maladroitement un buffet sur ma droite, manquant de me heurté au passage elle s'avance hâtivement vers la sortie.
Une femme dévêtue aux allures de catin jette un regard agacé au vieil homme sur lequel elle est affalée, un cocktail de culpabilité et de compassion émane des yeux de ce dernier. Triste histoire.
M'approchant du comptoir j'aborde le tavernier et commande ma cervoise bien méritée.
Sans un mot, il verse ma boisson et attend. Qu'est ce qu'il fou ? Il grogne en désignant ma bourse pendue à ma ceinture. Je percute subitement. Lui jetant dédaigneusement mes cinq pièces de cuivre, j'attrape fermement ma chope au passage et lui tourne le dos afin de m'installer à l'une des rares tables libres...